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 De l'autre côté du miroir (nouvelle)

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Fay'Raya
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Fay'Raya


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MessageSujet: De l'autre côté du miroir (nouvelle)   De l'autre côté du miroir (nouvelle) EmptySam 1 Oct à 22:15

( Voici la première des deux nouvelles que j'ai écrites pour le moment. Je la poste ici en attendant d'avoir un site avec une section nouvelles ! )

Viviane poussa la lourde porte du commerce de la vieille Léonie, qu’on aurait cru sortie directement du moyen-âge, avec ses vêtements de toile bruns, son fichu sur une chevelure en broussaille et un visage accusant les années par de profondes rides. Sa boutique était sombre, la seule fenêtre, donnant sur la rue, était petite et teintée d’un gris épais par la poussière qui s’y accumulait.
« Bonsoir Léonie, dit Viviane en entrant et en s’approchant du vieux comptoir, où était toujours installée la femme âgée. Cette fois je cherche un vieux miroir, tu aurais ça dans tes vieilleries ? »
Les "vieilleries" était la spécialité de Léonie. Elle était une sorte de brocanteuse, faute d’autre terme mieux adapté à son goût des très très vieux objets. C’est d’une voix chaude et vibrante qu’elle répondit à sa jeune et plus fidèle cliente.
« Tu pourras en trouver au fond, ma fille, derrière la vieille armoire bancale. Prends ton temps, comme d’habitude !
- Merci Léonie. »
Elle se dirigea donc vers le fond le la pièce, peu large mais très longue. Elle trouva derrière la dite armoire plusieurs miroirs plus ou moins bien conservés, posés en vrac sur une commode. Le rangement n’était pas une priorité pour la commerçante. En fouinant délicatement dans le tas, elle mit la main sur un miroir plus petit que les autres. Le contact avec la poignée métallique lui laissa une impression étrange. Elle l’observa à la lumière. C’était un très vieux miroir mais en si parfait état que Viviane ne pouvait estimer de quel siècle il était. Même le style ne donnait aucune indication, c’était un objet on ne peut plus simple. Après avoir observé le dos, elle le tourna vers elle et croisa son regard dans la glace.
La pièce se décomposa. Tourna. Tangua.
Viviane s’accrocha d’une main au bord de la commode, serrant plus fortement le miroir de l’autre main et fermant les yeux pour ne plus voir le monde instable. Le vertige disparut aussi soudainement qu’il était apparu, lui laissant de fortes nausées. Son crâne semblait vouloir exploser sous la douleur qui pulsait violemment. Elle rouvrit doucement les yeux, la main toujours crispée sur la commode. La lumière, même faible intensifia la douleur qui paralysait son cerveau. Elle reposa distraitement le miroir sur le tas et sortit de la boutique en marmonnant un "au revoir" pour la vieille Léonie qui n’avait pas bouger d’un centimètre.
Elle gagna son appartement, situé à deux rues de là, dans une brume épaisse, s’appuyant de temps à autres sur les murs froids et humides des maisons. Elle monta lentement les marches du perron, poussa la porte qui lui sembla plus lourde qu’à l’habitude, monta au premier étage du petit immeuble et rentra chez elle. Elle était restée totalement désorientée depuis son vertige et elle se dirigea péniblement vers la chambre pour s’allonger sans même prendre le temps de se dévêtir. Elle sombra aussitôt dans un lourd sommeil.

« Viviane ! Viviane ! Réveilles-toi bon sang ! »
Viviane s’éveilla avec l’impression de n’avoir pas dormi. Au moins elle n’avait plus cette terrible migraine.
Elle ouvrit les yeux. Elle se raidit. Où était-elle ? La pièce lui était familière mais ce n’était pas son appartement. Un vieux plancher de bois usé avait remplacé la moquette bleu et le tapis, les meubles avaient disparu et le peu qu’il en restait était en bois vermoulu. Elle fut tirée violemment par le bras par un homme qu’elle ne connaissait pas.
« Comment peux-tu rester chez toi, s’énerva-t-il, il faut fuir avant que l’inquisition n’arrive !
- L’inquisition ? »
Et il la tira derrière lui, dans une course folle à travers une ville presque moyenâgeuse, une main fermement serrée sur son poignet. Il ne faisait pas encore jour. Viviane voyait les maisons délabrées, les rues pavées, les quelques badauds qui traînaient, vêtus de tissus grossiers, et les vieilles charrettes menées par des bêtes avachies, défilés sous ses yeux, son cerveau n’assimilant pas les informations reçues. Ce devait être un rêve. Un rêve très réel.
Ils entrèrent finalement dans une maison sise dans une impasse malodorante, traversèrent un couloir, franchirent une porte, descendirent dans un passage découvert par des hommes à la mine sombre, et continuèrent leur fuite dans le noir. Viviane trébuchait sans cesse sur un sol inégal. Ils finirent par entrer dans une masure en ruine, apparemment inhabitée et condamnée. Des planches de bois ornaient les fenêtres tout en laissant passer la lumière de l’aurore.
La course s’arrêta aussi brusquement qu’elle avait commencé.
« Viviane, reprit l’inconnu essoufflé, es-tu inconsciente ? Retourner chez toi alors que tu es recherchée par le grand inquisiteur lui même ! Pourquoi n’es-tu pas venue hier, au lieu prévu ? Sans toi, c’est toute l’affaire qui tombe à l’eau. Et d’où sors-tu ces vêtements ? »
La pauvre jeune femme n’était pas en mesure de répondre, encore choquée par cette fuite et par tout ce qu’elle avait vu en traversant la ville, elle n’entendait même pas ce que l’homme surexcité lui disait. Son cerveau commençait juste à comprendre les images que lui avaient envoyées ses yeux. Elle sursauta quand il posa une main inquiète et tremblante sur l’épaule.
« Viviane ?
- Je ne ... comprends pas, dit-elle alors. La ville a changé, les gens ont changé, tout a changé, je ne reconnais plus rien, ni personne. En quelle année sommes-nous ?
- Viviane, tu m’inquiètes, on est en l’an deux mille trois !
- Deux mille trois ? Ce monde n’est pas le mien, murmura-t-elle pour elle-même puis se tournant vers ce mystérieux jeune homme : Qui êtes-vous ?
- De quoi parles-tu ? C’est moi voyons, Emeric !
- Emeric ? Pourquoi parlais-tu de l’inquisition tout à l’heure ? Il n’y a plus d’inquisition depuis longtemps en Europe. »
Emeric resta interloqué, ne reconnaissant plus la Viviane qu’il connaissait depuis son enfance. Que lui arrivait-il ? Hésitant, il expliqua l’inquisition, puis la chasse aux sorcières qui sévissait encore, les massacres, les guerres au nom de l’église, le pape et son pouvoir inébranlable sur plusieurs pays, en réponse aux questions que la jeune femme posait. Elle ne savait pas comment cela était possible mais elle avait atterri dans un monde où, depuis le quatorzième siècle, la religion gouvernait d’une main de fer, maintenant un climat de terreur perpétuelle. Ce qui aurait du être la Suisse était même devenu leur terre sacrée depuis le seizième siècle. Il n’y avait pas eu d’avancées technologiques, pas eu d’avancées médicales, les chercheurs et les inventeurs étant immédiatement accusés de sorcellerie, jugés par l’inquisition et condamnés. Le pape, depuis tout temps nommé Innocent “un tel” en mémoire à Innocent VIII qui était à l’origine de ce despotisme religieux, était à la tête d’une milice appelée l’Armée Sainte. Cette troupe armée ultra répressive était composée de pauvres soldats prélevés sur les armées royales d’Espagne, de France, d’Italie et d’Allemagne. Ils étaient « modelés » pour satisfaire l’Eglise. Les rois eux-même n’étaient devenus que de sombres pantins appartenant au Pape.
« Les inquisiteurs sont soigneusement choisis parmi les gens d’église les plus « intègres », en fait ils sont choisis par le grand inquisiteur lui même en fonction du pouvoir latent qu’ils ont en eux. Car en fait d’inquisiteurs on a affaire à de puissants sorciers, intouchables, surnommés « le bras de Dieu » , conclu Emeric tristement.
- Et rien n’a été fait durant tous ces siècles ? Viviane n’en revenait pas.
- Bien sûr que si , explosa son compagnon, mais à chaque fois les inquisiteurs sont intervenus. Ils ont arrêté les comploteurs et les ont pendu pour trahison et sorcellerie. De véritables massacres ! Ils lisent dans les esprits, c’est pour cela que ça n’a jamais marché. Comble de l’ironie, nous avons du apprendre la sorcellerie pour pouvoir survivre et organiser un réseau qui ne soit pas découvert. Tu devrais le savoir mieux que moi pourtant, ça fait quelques décennies que nous réussissons à placer nos partisans dans les rangs de l’Eglise, dont certains sont même bien placés. L’espoir renaît et on entrevoit enfin un moyen d’agir.
- Comment ?
- C’est toi qui organise tout depuis que ta mère est morte sur le bûcher, tu es la seule à le savoir, geignit-il. Grâce au pouvoir que ta famille détient depuis plusieurs générations, toi seule connaît le plan, ainsi que tous les membres, les prêtres et les évêques qui sont des nôtres car tu es la seule à pouvoir cacher tes pensées parfaitement et de manière innée. Le plan, tu devais ne nous en expliquer qu’une partie hier soir.
- Hier soir ? Mais, je ne suis pas venue, n’est-ce pas ? »
Viviane réfléchit pendant un moment à l’étrange situation dans laquelle elle était tombée. Comment était-elle arrivée ici ? Certainement par ce satané miroir. Et maintenant elle était coincée dans ce monde sans rien y connaître. Elle ne connaissait pas plus ce fameux plan d’ailleurs vu qu’elle n’était pas cette Viviane qui organisait un réseau complotant contre l’Eglise. Où était-elle donc, cette autre Viviane ? Si elle n’était pas allée à cette fameuse réunion et qu’elle était recherchée par le grand inquisiteur, elle devait certainement déjà être entre ses mains. Que devait-elle faire ? Essayer de repartir dans sa réalité sans se préoccuper de ce monde ou bien essayer de sauver leur Viviane pour leur laisser au moins une chance ? La deuxième solution était risquée mais elle ne pouvait pas partir comme si de rien n’était, en supposant qu’elle sache repartir.
« Ecoutez Emeric, je ne suis pas la Viviane que vous connaissez, commença-t-elle en réfléchissant à ce qu’elle pouvait lui dire sans l’effrayer ou paraître folle. Vous le savez ou tout au moins, vous vous en doutez. Disons que je ne suis arrivée qu’hier en ville, à la suite... d’un long voyage. Et si vous me dites que votre Viviane était recherchée par l’inquisition, j’ai bien peur qu’elle n’en soit déjà la captive. »
Emeric l’avait craint en ne la voyant pas arrivée au rendez-vous la veille. Qu’allaient-ils faire ? Le désespoir gagna tout son corps, son cœur et sa tête.
« Ecoutez, reprit Viviane, je peux peut-être vous aider. Où sont enfermés les personnes arrêtées par l’inquisition ? Et combien de temps avons nous avant qu’elle ne soit jugée et exécutée ?
- Les captifs sont généralement placés dans une prison gardée par l’Eglise et il ne nous reste que très peu de temps, tous les condamnés coupables de sorcellerie de l’année sont brûlés vifs le jour de tous les saints, ce qui nous fait dans deux jours à l’aube.
- Existe-t-il un moyen quelconque d’y entrer ?
- Je ne sais pas trop, elle est très bien gardée.
- Et je suppose que le très “respectable”grand inquisiteur ne sera pas d’accord pour faire un échange. »
Viviane médita un long moment avant de reprendre la parole.
« Il faudra ruser alors ! Connais-tu l’abbé de cette ville ? Fait-il parti de votre organisation ?
- Oui aux deux questions.
- J’aimerai le voir avant ce soir dans ce cas, il est bientôt midi, dit-elle en regardant entre deux planches clouées à la fenêtre. Avant cela, je dois aller dans la boutique de la vieille Léonie, est-ce que c’est possible ?
- Oui, les souterrains mènent jusque chez elle, on peut y être en moins d’une demi heure.
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Fay'Raya
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MessageSujet: Re: De l'autre côté du miroir (nouvelle)   De l'autre côté du miroir (nouvelle) EmptySam 1 Oct à 22:16

- Très bien, commençons par là. »
Ils repartirent donc par les souterrains, repassant par la maison de l’impasse pour demander à l’un des hommes qui la gardait de quérir l’abbé et de lui donner rendez vous au lieu habituel. Puis ils se dirigèrent vers la bâtisse de la vieille femme qui, l’informa Emeric, faisait aussi partie de l’organisation et préparait toutes sortes d’amulettes et autres potions pour le réseau. Viviane n’en fut guère étonnée. Ils arrivèrent par la cave, grattant la porte selon un rythme particulier avant de l’ouvrir. Un escalier donnait sur le fond de la pièce principale, au rez-de-chaussée. Léonie les attendait devant la porte.
« C’est très imprudent de venir en plein jour jeunes gens, dit-elle en fixant étrangement Viviane.
- C’est très urgent vieille femme, répondit Emeric, nous avons des problèmes.
- Je le sais, le bruit court en ville que la sorcière Viviane a été arrêtée...
- C’est malheureusement exact, reprit le jeune homme.
- Ca aussi je le sais. Qu’es-tu venue chercher jeune fille ? demanda la vieille en fixant toujours aussi intensément la Viviane qu’elle avait devant elle.
- Le miroir vieille Léonie, dit-elle en lui rendant son regard perçant.
- Tu sais où il est mais il ne pourra marcher qu’une seule autre fois, alors utilise le au bon moment » précisa-t-elle en retournant vers son comptoir sans plus faire attention aux jeunes gens.
Viviane se précipita vers la commode, le miroir était bien là, posé sur la pile, le dos au-dessus. Des yeux elle chercha un chiffon, en enveloppa soigneusement le miroir et le rangea dans la poche avant de son jean. Sans un mot à la veille femme, ils repartirent dans les souterrains et retournèrent à la maison de l’impasse pour avoir confirmation que la requête était arrivée jusqu’à l’abbé. Elle l’était et il les attendait déjà lorsqu’ils se présentèrent un peu plus tard au lieu de réunion, dans la crypte de la cathédrale. Il salua chaleureusement Emeric mais fut surpris de voir Viviane.
« Je pensais que vous étiez prisonnière du grand inquisiteur et je pensais qu’Emeric venait pour m’en parler, s’exclama-t-il.
- Malheureusement c’est exact, mon Père, répondit la jeune femme, je ne suis pas la vrai Viviane, disons que je suis une cousine très éloignée. Nous sommes venus demander votre aide pour la sortir de là où elle est.
- Si elle a été arrêtée, je crains fort qu’il ne soit pas possible de la libérer.
- J’ai un plan mon Père, mais nous avons besoin de vous pour l’exécuter. Êtes-vous d’accord pour y participer ?
- Bien évidemment !

Le soir venu, tous ceux qui participaient au plan pour libérer Viviane la sorcière étaient en place. A l’heure dite, Viviane au miroir était entrée dans la cathédrale, l’abbé Paul s’était présenté devant le grand inquisiteur pour lui faire part d’un fait étrange, et un garde déplaça silencieusement la sorcière dans une autre cellule. Si le grand inquisiteur n’avait pas été aussi content et sûr de lui, le plan n’aurait pas marché car il aurait eu le temps et maintes occasions de le découvrir et le défaire. Mais, ayant capturé la sorcière tant recherchée, il ne pensait plus à surveiller les autres membres suspectés de cette fameuse organisation. Il remettait au lendemain leur arrestation pour être en forme, car il était épuisé par les efforts fournis pour la capture de cette diablesse et les tentatives de pénétrer ses pensées. Alors, quand l’abbé Paul vint lui dire que la sorcière Viviane était entrée dans la cathédrale, sa première réaction fut de rire à gorge déployée. Il ne s’aperçut pas que l’abbé était tendu et nerveux. Il se rendit au cachot où il la gardait en compagnie de l’abbé pour lui montrer qu’elle avait été capturée la veille. Lorsqu’il vit qu’elle n’y était plus, il fit fouiller toute la prison, c’est évidemment le garde qui avait déplacé la sorcière qui fouilla l’endroit où elle était cachée, inconsciente. Il oublia donc volontairement de regarder dans le grand coffre.
Il s’avéra au bout d’une heure qu’elle s’était véritablement enfuie. L’abbé, entre temps, s’était éclipsé et était retourné à la cathédrale pour prévenir Viviane que la première partie du plan s’était déroulée sans accrocs.
Avec quelques membres du réseau, Viviane au miroir s’enferma dans la cathédrale qui ne tarda pas à être encerclée par les gardes de la prison. Pendant que ces derniers défonçaient la grande porte de bois, garnie de plaques d’aciers décorées retraçant la vie du christ, Emeric et deux hommes de confiance, étaient introduits dans la prison par le même garde qui avait caché la sorcière. Ils la trouvèrent, évanouie, blessée et meurtrie, vêtue de loques. Ils la déguisèrent avec une bure et en rabattirent la capuche sur son visage. Ils sortirent dans la rue déserte à cette heure, les deux hommes la soutenant comme si elle était malade, et traversèrent la ville, contournant la cathédrale dont les portes n’allaient pas tarder à céder. Emeric, quant à lui, retourna près du parvis un cor à la main. Il fallait prévenir Viviane de la réussite de son plan.

La porte céda dans un sinistre craquement. Les gardes, fatigués, s’écartèrent vivement pour laisser passer le Grand Inquisiteur. Ce dernier, même s’il ne s’était pas tout à fait remis des efforts de la journée désirait y pénétrer seul. Il les appellerait s’il avait besoin d’aide. La fille était prise au piège. Il traversa la nef d’un pas lent, savourant d’avance la confrontation.
Viviane l’attendait dans le chœur, drapée d’une large cape dont la capuche cachait son visage, tenant d’une main crispée le petit miroir. Elle jouait sa liberté, sa vie, sur un si petit objet. Elle ne s’était pas retournée, mais elle supposait que la personne qui avançait lentement et dont les pas résonnaient dans la cathédrale n’était nul autre que le Grand Inquisiteur. Il était seul, les gardes devaient attendre dehors. Il s’arrêta à deux mètres de la jeune femme qui regardait une représentation monumentale de Jeanne d’Arc sur le bûcher. Elle se retourna. L’homme qui était devant les marches menant au chœur n’était ni beau ni laid, il avait juste l’air inoffensif. Il ne fallait cependant pas s’y fier et Viviane le savait. Il devait certainement être en train de la jauger. Elle serra un peu plus fort le miroir. Elle avait espéré qu’Emeric et ses acolytes seraient plus rapides, elle allait devoir l’affronter, gagner du temps. Il prit la parole, brisant un silence lourd et pesant. Comme un coup de tonnerre, sa voix raisonna, puissante et suave, dans l’édifice.
« Viviane, je m’étonne de te trouver ici. Où sont tes complices ? Ils ont pris peur ? se moqua-t-il. On peut dire que tu me donnes beaucoup de mal. Enfin, tu es à nouveau entre mes mains, prise au piège et on peut dire que tu t’es jetée dans la gueule du loup. Notre Seigneur ne doit guère être ravi de te voir souiller sa si belle maison.
- Je ne sais qui de nous deux la souille le plus, celle qui a appris la sorcellerie par besoin ou celui qui a appris la sorcellerie par avidité, par soif du pouvoir. Dieu ne devrait pas être terreur à votre image. Ce que vous êtes et ce que vous faites n’est aucunement chrétien. Tout ceci, s’enflamma-t-elle en montrant les nombreux tableaux représentant les exécutions des plus grandes et redoutées sorcières, n’est que mascarade.
- Encore des propos hérétiques jeune Viviane. Tu n’écoutes décidément pas ce qu’on essaie de t’inculquer. Je pensais pouvoir faire de toi mon alliée mais je n’arrive pas à te faire entendre raison à ce que je vois. »
Il monta les marches lentement, tout en lui énumérant les avantages qu’elle refusait. Ainsi se dit-elle, il voulait le pouvoir de Viviane, il se pourrait même que ce soit par peur plus que par désir. Comme il montait les dernières marches, Viviane eut la subite impression qu’on lui serrait le cerveau dans un étau. Dans un cri de surprise, elle tomba à genou tandis que l’inquisiteur se précipita sur elle, lui arrachant la capuche et une poignée de cheveux. Elle le regarda, emplie de fureur. L’homme en la voyant « intacte » eu un hoquet de surprise. Il la lâcha et recula de quelques pas.
« Vous n’êtes pas Viviane ! »
Viviane au miroir sourit devant l’air ahuris du grand inquisiteur et se releva.
« Non, je ne suis pas la Viviane que vous connaissez et dont vous avez peur. Je viens d’un autre monde, un monde sans inquisition.
- Quelles sont ces divagations ? Peut importe que tu ne soies pas Viviane, tu es une sorcière et tu vas mourir diablesse, ragea-t-il, une lueur de fureur dans les yeux. Mais avant, tu vas me dire où se trouve Viviane. »
Et il se précipita sur la jeune femme un couteau à la main.
Dehors, le son d’un cor résonna.
Viviane recula pour éviter la lame.
Ils avaient réussi.
Avant que le grand inquisiteur ne porte une seconde attaque, Viviane sortit le miroir et disparut sous ses yeux. Le monde tourna à nouveau. Viviane tomba sur le sol froid. Le miroir se brisa. Dans sa tête, résonnait toujours le cri enragé du Grand Inquisiteur. Quand elle ouvrit les yeux, elle fut stupéfaite de voir la veille Léonie assise sur le premier banc de la vieille cathédrale, celle qu’elle connaissait.
« Vous êtes rentrée finalement, jeune fille ! »
fin
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Harskare
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MessageSujet: Re: De l'autre côté du miroir (nouvelle)   De l'autre côté du miroir (nouvelle) EmptySam 1 Oct à 23:42

Je l'ai peine commencé que je me suis dit : "Tiens je connais déjà..."
J'avais bien aimé lorsque je l'avais lu. Bien qu'on comprenne rapidement de quoi il en retourne au final, l'histoire est sympa et le style d'écriture fluide et agréable.
Merci de nous l'avoir (re)fait partager. Je n'avais pas fait attention que c'était de toi.
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Fay'Raya
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Fay'Raya


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MessageSujet: Re: De l'autre côté du miroir (nouvelle)   De l'autre côté du miroir (nouvelle) EmptyDim 2 Oct à 0:02

Oui, elle est déjà sur Mythes et légendes... Mais bon, elle y est passée un peu inaperçue alors...
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